Résumé :
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« Je ne sais pas enfin, quand je relis le mot destin qui s’est glissé sur la page un peu plus haut sans que je le pense réellement, si je dois fondre en sanglots ou rire aux éclats, sautant sottement en cognant ma tête contre le mur — le mieux serait d’alterner rires et larmes en grimaçant — tant ce mot est dans mon esprit associé à la grandeur, la gloire, l’immortalité. Il est inapproprié en fait de nommer destin une chienne de vie menée sans laisse au jour le jour, dont une grande partie est consumée dans des bars sordides — « trous à rats », « repaires de délinquants », « lieux d’insalubrité morale » — dans des boulots de merde, quand j’arrive à en dénicher un, à me débattre dans le vide, dans le vide…
Or, en écrivant, avec toute l’inquiétude qui accompagne un tel acte, tant il est grave, je ne fais peut-être que de la brouillonner davantage, quand je m’attends à l’élucider, entretenant l’illusion que je me la réapproprie en la magnifiant, c’est à dire justement en l’accomplissant en tant que destin, la traînant et la biffant dans la marche processionnelle des phrases.
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